Qui est Jésus, partie 1 : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Written by Marc on 18 février 2020
Jésus n’a t-il pas dit : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné avant de mourir sur la croix ?
Si Jésus a cru que Dieu son Père l’a abandonné, comment dire que Jésus et le Père sont Un ?
Nous entendons, nous habitants du XXIe siècle, que Jésus reproche à son père de l’avoir abandonné.Cela peut paraître étonnant, mais cette interprétation ne serait pas celle d’un Juif du premier siècle, entendant ce cri de Jésus. En effet, le récit même nous l’indique, par la réaction très étrange des personnes qui l’entouraient.
« Quelques-uns de ceux qui étaient là, l’ayant entendu, dirent : Voici qu’il appelle Elie…»
« Laissez, voyons si Elie viendra le descendre…. »
Et encore …
« Le centurion, qui était en face de Jésus, voyant qu’il avait expiré de la sorte, dit: Assurément, cet homme était Fils de Dieu. »
Pourquoi ceux qui ont entendu Jésus dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ne se sont-ils pas dit, comme on aurait pensé : « il désespère », mais «Laissez, voyons si Elie viendra le descendre…. » ?
Il semble donc que pour les juifs du premier siècle, ce « cri de désespoir » de Jésus ne résonnait pas comme la parole de quelqu’un qui a perdu l’espérance mais comme l’appel de quelqu’un espérant être sauvé. Et pourquoi le centurion, « voyant qu’il avait expiré de la sorte, dit : « Assurément, cet homme était Fils de Dieu » » ?
La réponse est assez claire si nous ressituons les coutumes et traditions du peuple juif à cette époque. D’abord, il faut savoir que la phrase « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » est la première phrase du psaume 21. Il faut savoir aussi que pour les juifs du premier siècle on évoque tout un psaume en répétant son titre, et que le titre d’un psaume est toujours son premier vers. Or ce psaume n’est pas un psaume de désespoir, du moins pas entièrement. Si on lit le psaume, on voit que son début décrit bien la situation dans laquelle Jésus se trouve :
« Tous ceux qui me voient me bafouent, leur bouche ricane, ils hochent la tête »
Mais la fin est un renversement complet. Le psaume s’achève en effet sur la certitude de la victoire de Dieu :
« La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui »
« Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! »
« Tous ceux qui festoyaient s’inclinent ; promis à la mort, ils plient en sa présence. »
« Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. »
« On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son œuvre ! »
Voila pourquoi les personnes qui ont entendu ces paroles ne les ont pas interprétées comme celles de quelqu’un qui a perdu l’espérance, mais au contraire, comme celles de quelqu’un qui espère que Dieu viendra le sauver (non seulement lui comme Israël et l’ensemble des nations d’où la moquerie de certains juifs). Tel est manifestement le message de Jésus, lorsqu’il cite le psaume 21. Cette interprétation n’est pas seulement la seule qui rende compte de la réaction des personnes présentes de façon cohérente. Mais, en plus, on comprend mieux le sens de la phrase du centurion. En effet le psaume s’achève ainsi : « La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui ». Cette promesse commence à se réaliser avec le centurion.
Comme nous le verrons dans un prochain article, les juifs n’attendaient pas une époque de paix tout de suite après la venue du Messie mais au contraire une époque de tribulations…. Un nouvel Exode !
*P. J. Williams, “The Linguistic Background to Jesus’ Dereliction Cry (Matthew 27:46; Mark 15:34),” in The New Testament in Its First Century Setting: Essays on Context and Background in Honour of B. W. Winter on His 65th Birthday, ed. P. J. Williams et al. (Grand Rapids, MI: Eerdmans, 2004), 1–12.